lundi 18 février 2008

LA CELEBRATION DE LA LAVANDE


UN REGARD AMOUREUX SUR UNE FLEUR PLUS ÉTRANGE ET MYSTÉRIEUSE QU'ON NE LE CROIT.



Lavande. Je me lavande.
Je me baigne de la lavande. Je me lave. Et déjà l'on ratiocine.
Des philosophes, des grammairiens,
des médecins et quelques pédants ont dit : La lavande s'appelle lavande parce que son nom dérive de lavando, gérondif du verbe latin lavare.
D'autres ont dit : Pas du tout. Et ils ont cru trouver son étymologie dans le mot grec labandita. D'autres encore ont dit n'importe quoi.
Or ce n'est pas vrai. La lavande s'est toujours appelée lavande. Et c'est parce qu'elle a subtilisé l'eau fraîche, rendu plus agréables les caresses du soleil, c'est parce qu'elle s'est rendue indispensable à celui qui veut se débarrasser des charmes de la nuit, que l'on a pris l'habitude de l'utiliser largement le matin, avec de l'eau et du soleil que l'on a dit :
Je me sers de lavande. Je me baigne de lavande. Je me lave.
Ainsi on ne se lave, on ne se baigne que parce que la lavande existe, et pas pour autre chose.
Avant elle, l'homme buvait l'eau et se cachait du soleil dans les baobabs. L'homme était couvert de poils. Il ne se lavait pas. Pourtant l'eau et le soleil existaient. La lavande était cachée. Très petite. Une tête grosse comme rien. Gris bleu comme une poussière.
Elle vivait d'elle-même. De l'essence même de son parfum. C'était l'époque où la Bible n'existait pas encore.
Puis vinrent des temps où les vents s'assemblèrent en tempêtes. Presque tout ce qui était mince fut arraché. L'homme secoué dans son arbre mit pied à terre, perdit ses poils. Et les lavandes jugèrent prudent de se grouper. Depuis, elles vivent en grandes touffes bleues et se débrouillent toutes seules