lundi 18 février 2008

2. La lavande est robuste


La lavande est robuste. La lavande est vivace. Elle ne craint rien. Ni personne. Ni les froids rigoureux ni les sécheresses prolongées, ni la mauvaise herbe.
Elle chasse la taupe. Désinfecte le putois. Blanchit les incisives du lièvre. Fait encore beaucoup de choses que l'on vous racontera.
Grattefossé, qui a été guéri d'une gangrène gazeuse par des applications d'essence pure de lavande, a dit, même : Le rôle de la lavande est providentiel.
Je le crois, mais pas pour les mêmes raisons. De toutes façons, dit-on toujours, sur le plateau de Valensol :
Bonne baiassière vaut mieux que champ de blé.En fait, la plus belle chose au monde est de savoir comment l'on s'appelle, et pourquoi l'on s'appelle ainsi. Tous les noms de ville font foi, et les noms d'homme pour la plupart.
Dis-moi comment tu t'appelles, je te dirai qui tu es. Je te dirai ce que tu fais, à quoi tu sers. Ainsi, je m'appelle Thomas, par mon nom qui dit bien ce que je suis, pareil à didyme, l'autre moi. Ou Claude, parce que je boite. Ou Dieulafoi, à cause de Proust. Et Cicéron à cause de mes verrues. Et Rousseau. Et Provence parce que la lavande l'a choisie.
La lavande est française, d'inclination. Comme le vin. Comme le fromage. Et je vous dirai que les crus de lavande sont aussi nombreux et subtils d'économie que les Côtes de Bourgogne, les châteaux de Bordeaux, et les sources.
Ce champ-là, de Latil, a plus d'esprit que celui de Brémont, ici. Pourtant rien ne les sépare que ce jeune chêne. Mais le champ de Brémont est moins camphré que celui de Maldonat. Et, de même qu'on titre le vin, qu'on le pèse, qu'on l'analyse, de même on pèse, on titre, et on analyse la lavande.