lundi 25 février 2008

16. Les bergers

Les bergers de Provence distillent la lavande. Ils savent et travaillent en plein air. Pendant les deux mois les plus chauds, l'atmosphère est saturée, et l'on baigne dans l'huile essentielle. Naguère encore, ils enfermaient cette huile dans des outres de peau et la portaient en ville. On la mettait alors dans des cruches oblongues de cuivre battu, à ongles et coins arrondis.
Les vétérinaires sont les premiers servis. Avant les médecins et les ménagères. Ils goûtent. Ils pèsent. Ils prennent un petit flacon et peuvent dire si l'huile est pure ou mélangée à de l'esprit de vin. Un peu comme pour faire cette eau de lavande, dite de Treinel, qui blanchit avec l'eau, et que les religieuses de la Magdeleine de Treinel étaient en possession de bien faire et de vendre.
Sur les chemises de linon blanc, l'huile essentielle s'évapore au soleil sans laisser tache ni transparence.
Dioscoride, encore, médecin romain au début de l'Ere, distillait en grand secret. Donc mourut avec. On attendit longtemps, jusqu'au jour où Avicenne, médecin philosophe iranien, se fit peindre : le regard inspiré et la barbe fleurie, des cornues à la main.
On dit alors :
Voici l'homme le plus remarquable d'Orient par l'étendue de ses connaissances.
On sort alors des bibliothèques la Philosophie illuminative, le Canon de la médecine... et l'on n'est pas très avancé.
Ainsi Demachy, le grand adversaire de Lavoisier et de ses théories. Demachy n'est pas très avancé. ses théories non plus qui sont révélées dans l'Art du distillateur des eaux fortes.
Je laisserai, par conséquent, car sa langue est plus belle, Pline le Jeune raconter comment en son temps l'on distillait.