mardi 19 février 2008

7. La lavande, elle


La lavande, elle, nettoie tout autour de son pied. A son ombre le chiendent ne vient pas. Ni le pissenlit. Elle jouit de la géométrie de ses soeurs qui filent droit dans les lavanderaies et les baiassières. Elle fait autour de soi une zone-carapace de vide. Sa voisine n'est pas mitoyenne.
Il est bon, dit-elle, de voir seule, parfois, midi devant sa porte. Et sous le soleil, rien n'est plus important.
La lavande chasse le chiendent, l'ivraie et le plantain. Toutes ces graminées et ces herbacées qui rendent allergiques les gens des villes. Elle chasse la vipère. Le mulot. Les herbes des prairies, des steppes, des savanes. Le bambou et la canne à sucre. Les chênes truffiers vont autour, juste au ras de l'horizon.
Et la lavande ne pousse à l'ombre de personne. Celle, ni de l'olivier, ni du cyprès. Rien. Elle toute seule. Avec ses quatre animaux favoris : l'âne, parce qu'il tire l'alambic. L'abeille. Le grand garenne. Et la perdrix. Allons... parfois, l'alouette-lulu.
Si vous aimez les lavandes, vous vous foutrez, comme moi, de Théophraste et de Dioscoride. Pline vous amusera. Et, avec votre Virgile sous le bras, vous irez dans les jardins rustiques regarder les lavandes, là où l'on place communément les ruchers.
Géorgiques et pastorales lavandes, naturalisées par Didon, sur chacun des rivages de la Méditerranée. Et Ulysse, donc. Qui, pour cacher sa nudité devant Nausicaa, préféra au thym et à la menthe un bouquet de lavande et devint superbe et propre.
Quoi ? Ce n'est pas vrai ?