mardi 19 février 2008

5. Ainsi, je m'appelle


Ainsi, je m'appelle par mon nom qui dit bien ce que je suis. Et la lavande est faite pour cela. On se baigne pour elle. On se lave pour lui faire plaisir. On lui rend hommage à longueur de journée.
Car, l'eau avant elle était fraîche. Et le soleil doré, avant elle. Mais c'est elle qui nous a appris à nous servir de ces deux-là. Il y a aussi autre chose.
Des philosophes, des grammairiens, des médecins et quelques pédants ont encore dit :
La lavande pousse ( ou la lavande croît ) uniquement dans les terres arides. Dans les terres ingrates.
D'autres encore ont dit : Pas du tout.
Et ils ont expliqué n'importe quoi. Or ce n'est pas vrai.
La lavande aime aussi les terres riches et bonnes, comme les aiment les citrouilles et les pois. Mais les temps sont révolus où l'on ne vivait que de parfum. Le vrai est ceci : La lavande pousse ( ou croît ) partout où elle veut.
Elle est capable de tout. Puisque, en Angleterre, on la fume avec de la bière brune et des morceaux de plum-pudding. Du reste, en Diois et en Baronie, on affirme que ce sont les protestants, chassés par la Révocation de l'Edit de Nantes, qui ont introduit sa culture en Angleterre, par perversité.
Elle est capable de tout. Puisque, au Gabon, on lui donne des os de missionnaires en farine. Puisque, au Yémen, elle se contente de poils de chameaux.
Des voyageurs l'ont rencontrée en Suède, et en Livonie. Aux Indes...