mardi 26 février 2008

19. Car la lavande

Car la lavande n'est pas à prendre avec des pincettes. Il faut l'aborder selon un certain rite. Et, quoi que vous fassiez, elle restera sauvage jusque dans ses esprits. La lavande ne s'apprivoise pas. Tâchez de ne pas oublier, non plus, que son essence tue le microbe de la fièvre typhoïde en moins de trente-cinq minutes. Alors qu'il en faut quatre-vingts pour le patchouli et deux cent quarante pour l'absinthe.
La lavande est un laboratoire. Elle aime les cucurbites, les chapiteaux et les serpentins. Les balances, les trébuchets, les burettes, les ballons, les tubes, les éprouvettes, lampes, casseroles, râpes plates, queues de rat, flacons, crayons, plumes, vis, palans, appareils, cols-de-cygne, cylindres, becs, chaudières, feux nus, générateurs, diaphragmes, trépieds, nécessaires et alambics.
La lavande est un laboratoire sur lequel les chimistes de naguère se penchaient, inquiets.
Dans le Dictionnaire des parfums, ils disent : La lavande bout entre 185° et 188°. D'après le Laboratoire des merveilles chimiques, la lavande anglaise bout à 246°. Et la lavande française à 82°. Gattefossé et La Motte affirment : Son point d'ébullition varie entre 165° pour les têtes, à 220° pour les alcools, et 230° pour les éthers. Peu importe quand. La lavande bout. C'est tout. Ces fluctuations n'inquiètent plus les savants d'aujourd'hui. Ils savent parfaitement où, quand, comment, pourquoi s'élabore l'huile essentielle. Et cela leur fait une belle jambe.