dimanche 24 février 2008

12. Libre

Libre. Je suis libre et semblable aux filles de sang noble que l'on n'expose point en vente dans les marchés des villes. Les libertins ne me cherchent point. Mais celui-là seul m'estime, qui, formant un destin inébranlable, se découvre la jambe et s'élance sur le coursier rapide, un brin de ma tige à sa tempe.
Je voudrais que tu fusses dans le désert du Nadjd, dont je suis originaire, lorsque la brise du matin erre auprès de moi dans les vallées. Mon odeur fraîche et aromatique parfume le bédouin solitaire, et mon exhalaison honnête réjouit l'odorat de ceux qui se reposent auprès de moi.
Aussi, lorsque le rude chamelier vient à décrire mes rares qualités aux gens de la caravane, ne peut-il s'empêcher de parler de moi avec attendrissement.
Derrière l'alambic vient le médecin.
Il a dans sa boîte à médecines plusieurs livres et fioles. Notamment Le Guidon des Apothicaires, et une fiole de térébenthine, une fiole de genièvre et une fiole d'aspic.
Il dit : La lavande est stomachique, antispasmodique, cholagogue, diurétique, sudorifique, carminative, stimulante, vermifuge.
Il ajoute : Voilà pourquoi on l'emploie contre le manque d'appétit, la flatulence, les coliques, l'hydropisie débutante, la jaunisse, les troubles du foie et de la rate, les nausées, les vertiges, la sang à la tête, les migraines et autres maux de crâne, la faiblesse générale, les congestions, les défaillances, l'épilepsie, la neurasthénie, les palpitations du nervosisme, le tremblement, l'asthme, la grippe, la coqueluche, le lymphatisme, la scrofulose, la laryngite, la leucorrhée, la faiblesse oculaire, les dyspepsies accompagnées de fermentations putrides et les phénomènes infectieux de troubles digestifs.