lundi 18 février 2008

3. Alors, je vous dirai


Alors, je vous dirai que Didon, et quelques princes de sa maison, fuyant Tyr et ses frères sournois, avait songé à faire mettre dans ses coffres quelques bouquets de lavande.
On fait escale à Chypre. On double le Péloponèse. On remonte encore. Des cousins sont à Marseille. On fera de l'eau et des vivres aux îles qui la regardent.
Les îles du Levant étaient déjà trois, anonymes et nues. A son départ, pour les remercier de l'hospitalité, Didon essaima ses lavandes que ses secrétaires appelaient Stoechas.
Didon était près des dieux. Et pendant toutes l'Antiquité, les îles d'Hyères et du Levant et Port-Cros et Porquerolles s'appelèrent entre elles les Stoechades. En français, les Dentelées. C'était en souvenir de Didon et de sa fleur venues de Phénicie.
Car tout vient de Phénicie. L'écriture. Dieu. Marseille. Carthage. Et la lavande. Et si tout ne vient pas de Phénicie, tout a été refait en Phénicie. Ou presque. On l'a oublié parce que les sables du Nil ont englouti la ville de Tyr.
Et qu'importe, après tout, s'il existe 53 ou 27 sortes de lavande, cataloguées en latin. Pour sa part, l'Index Kewensis en propose 48.
Viennent les pages où le grec et le latin vous donneront des indigestions de syllabes et d'accents.
A la page 123 de son Histoire naturelle des lavandes, le baron Frédéric de Gingins-Lassaraz, membre de la Société Helvétique des Sciences naturelles, commence cette litanie :
Classis. exogenae. De C. Théor. Dicotyledones.
Juss. Gen. Subclassis. Corolliflorae. De C. Théor.
Monopetalae corolla hypogyna. Ordo labiatae...

Assez !
De beaucoup je préfère le tableau résumé qu'il donne de son travail, page 32.